vendredi 23 mars 2007

Peut-on parler de marketing dans l'édition ?

Une question me taraude depuis mon intégration aux Éditions Toute Latitude : est-ce possible d'employer le terme "marketing" dans un secteur où l'on vend a priori des produits culturels ?

Le terme "marketing" est souvent galvaudé par un large public. Pour une majorité de non-initiés, c'est simplement le moyen pour une entreprise de vendre toujours plus pour augmenter ses profits. En clair, pour le commun des mortels, le marketing sert tout juste à "embobiner le client".

D'un point de vue personnel, je dirais plutôt que le marketing est une des entités de l'entreprise qui permet de vendre, oui mais mieux, en reconnaissant les acteurs faisant partie de son environnement (clients, fournisseurs, concurrents...). En résumé, c'est apporter le meilleur produit ou service (et non plus seulement le bon), au meilleur prix et surtout à la meilleure cible (celle qui sera la plus réceptive à l'offre).

Or les secteurs liés de près ou de loin à la culture et à l'art échappent, à mon sens, quelque peu à cette règle. Ce n'est pas l'étude de marché ou le positionnement prix /produit qui va déterminer la commercialisation d'une oeuvre mais avant tout sa valeur intrinsèque.

Pour en revenir à l'édition, la qualité primordiale d'un texte est pour moi l'exigence qu'a fourni l'auteur dans la rédaction de son oeuvre.
Qu'en est-il alors du dit texte au moment de sa mise en place en librairie ? Devant ce flot de parutions disponibles en librairies, grandes surfaces culturelles ou autres hypermarchés, comment se décide le lecteur lambda ?

Comme pour tout autre secteur, les marketeurs et commerciaux de l'édition disposent eux aussi d'armes efficaces pour convaincre le lecteur : évènement de lancement, invitation de la presse pour parler d'une parution, achat d'espaces publicitaires... Tout est bon pour faire la différence.

Mais alors pourquoi l'édition est-elle si frileuse vis-à-vis du marketing ? Est-elle réellement frileuse ou est-ce une forme d'hyprocrisie ? Car à partir du moment où l'on impose une valeur marchande à un produit, même culturel, il n'est pas indécent d'employer des outils pour assurer les ventes et pour mieux répondre aux attentes des consommateurs.

Je laisse pour le moment ces questions en suspens... En attendant vos opinions pour enrichir le débat, n'oubliez pas ce principe : la raison d'être d'une entreprise est de générer des profits. Non pas pour en faire profiter l'employeur (du moins pour certaines et pas seulement...) mais pour assurer son développement et à terme sa pérennité...

Pour aller plus loin dans le débat :
- Le Marketing de l'édition, de Noëlle Poggioli et Suna Desaive (Nouveau Monde Editions)
- http://www.acrimed.org/article861.html

1 commentaire:

Nicolas Duchamp a dit…

C'est vrai que le mot "marketing" est tabou dans l'édition, en particulier dans le domaine littéraire. On se plait à entretenir la fiction de l'auteur totalement libre en tant qu'artiste... Certains ouvrages, même des romans, ne sont-ils pas formatés en fonction des goûts supposés des lecteurs? Bien sûr que si et tout le monde le sait. Alors, sommes-nous en face d'une vaste hypocrisie? Pas si simple, car il existe aussi, évidemment, de véritables artistes, des vrais écrivains, qui écrivent pour eux, pour la Littérature et pour la postérité!